De la Doller au Graber
En partant de L’Hostellerie Alsacienne, il faut compter près de quatre heures de marche pour rallier le gîte du Graber, dans la haute vallée de la Doller. Une superbe randonnée de 14,5 km jalonnée d’anciennes fermes et de sites remarquables.
Je commence par remonter la rue piétonne de Masevaux jusqu’à l’église Saint-Martin, où je tourne à gauche pour traverser le pont et m’engager sur l’itinéraire fléché rectangle rouge du Club Vosgien, en direction du GR5 par le Sudel et le Ballon d’Alsace. Au bout de la rue du Fossé-des-Veaux, je grimpe une première côte et me retrouve rapidement dans le hameau de Stoecken, où je ne manque pas de visiter la coquette chapelle dédiée à saint Michel. Je suis désormais l’itinéraire marqué d’un rectangle bleu en direction du Bruckenwald. Arrivé au niveau des dernières maisons de Stoecken, bordées de superbes hortensias roses et bleus, je jette un dernier coup d’œil sur Masevaux en contrebas et m’engage sur le sentier GR531 qui grimpe à travers une haute sapinière ombragée. Les bruits des humains s’éloignent, laissant la place au silence et à la sérénité des bois, qui m’enveloppent dans ma montée progressive vers les sommets. Rapidement les résineux cèdent la place à une belle forêt d’essences mélangées, elle-même entrecoupée de clairières parsemées de framboisiers et de sorbiers aux fruits écarlates. Au détour du chemin surgissent deux visages étranges sculptés dans un tronc, évoquant le petit peuple des bois et les légendes d’autrefois.
Après 1 h 20 de marche, voilà que j’arrive sur la chaume du Bruckenwald, où quelques cueilleurs de myrtilles s’affairent minutieusement. Je m’arrête boire une bière à la ferme-auberge tenue par la famille Iltis, toujours très occupée à servir les fidèles clients de cette adresse réputée. Je repars ensuite en direction du Lachtelweiher, que j’atteins une demi-heure après. En été, ce lac semi-artificiel, dont la digue a été rehaussée au XIXe siècle pour les besoins de l’industrie locale, est autant convoité par les pêcheurs que par les baigneurs. J’emprunte quelques instants la route qui contourne le lac, puis reprends le sentier qui se remet à grimper, vers la ferme du Lochberg. Celle-ci fait actuellement l’objet d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation, ce qui n’empêche pas la famille Kippelen de continuer à y accueillir les nombreux amateurs de leurs excellentes spécialités montagnardes. Encore quelques minutes de montée et me voici arrivé au point culminant de ma randonnée, à 950 mètres d’altitude, sur la chaume de la Fennematt. Cela fait maintenant 2 h 30 que j’ai quitté Masevaux. Une superbe vue panoramique s’offre à moi, me faisant admirer la lointaine plaine et les sommets du Schlumpf, du Baerenkopf et du Wisskritt. Je passe le col pour me retrouver désormais sur le ban de la commune de Dolleren.
À quelques pas du sentier jaillit la source de la rivière de la Doller, joliment entretenue. Encore un peu plus loin, l’ancienne ferme-auberge de la Fennematt affiche portes closes. Le chemin descend doucement, bordé par d’innombrables reines des prés au parfum délicat, et contourne la montagne pour rejoindre le bel abri en bois du Graber-Breitenstein. Encore une très belle vue sur la haute vallée. Il faut maintenant abandonner le rectangle bleu pour suivre l’anneau rouge en direction de Dolleren. Le sentier dégringole en zigzag, puis rejoint un large chemin forestier en réfection. Encore une forte descente et je me retrouve dans un grand pré d’altitude, dominant le chemin d’accès au Graber que j’aperçois sur l’autre versant du vallon. Encore dix minutes de marche, en suivant l’itinéraire marqué d’un anneau vert, et me voilà devant cet ancien corps de ferme récemment transformé en gîte.
